mardi 22 mai 2018

Petite chienne

Tu mettras une chaise haute dans ta chambre. Attends dos à la porte, debout, avec ton collier et ta laisse. Je vais entrer et poser un bandeau sur tes yeux. D'elle, tu ne connaîtras que le toucher, le parfum et la voix. La férule aussi, c'est pour ça qu'elle est là.
Je vais lier ton collier à ton cou Je ne prendrai pas ta bouche mais la sienne pour un baiser de bienvenue. Tu n'es plus que l'objet de nos féroces attentions. N'esquisse pas un geste dans sa direction. Elle m'appartient ce soir, et tu lui es donné. Elle est mon instrument et mon vaisseau. Mon calice.
Montre-lui ta peau maintenant, enlève tes vêtements. Elle a mis mes gants, pris la cravache entre mes mains. Je vais m'asseoir sur la chaise, pose tes bras sur mes jambes et penche-toi en avant. Là, les premiers coups pleuvent. Elle est plus cruelle que moi. C'est pour ça que je l'ai choisie. Tu n'as pas de bâillon, mais si tu te penches encore, tu peux emplir ta bouche entre mes cuisses. Maintenant, agite bien ta langue où je trouve mon plaisir. Ta peine, ma joie. Il faut te concentrer, même si elle applique avec ferveur ton châtiment. Mon plaisir, ses coups.
Je crains que tu gardes quelques jours les souvenirs tiraillants de son enthousiasme, malgré mes promesses. Tu penseras à nous chaque fois que tu t'assiéras. Tu faiblis dans ton effort alors que je me trouve au bord de l'orgasme. Elle va te fesser plus fort et moi je vais te gifler de mon gant pour te rappeler à ton devoir. Sois plus présent à ton oeuvre.
Elle est belle, tu sais, derrière toi, la cravache à la main et les longs gants noirs sur ses bras. Elle est belle, malgré ses sourcils froncés. Elle attend que je bascule pour lever son instrument. Elle connait la suite, pas toi, pas encore. Sa bouche se relève d'un sourire quand je gémis. Elle a envie qu'on la touche, ses mamelons sont dressés, ses cuisses humides, elle voudrait sa part.
Elle m'embrasse en appuyant ses cuisses sur tes fesses, et sa langue danse dans ma bouche tandis qu'elle te pousse contre mon ventre. Nous allons t'attacher, petite chienne, sur le lit, pour jouer encore. J'ai choisi à l'avance le jouet qu'elle va enfoncer dans ton cul rougi par les coups. Mes doigts d'abord jouent avec ton orifice. Ta bouche baveuse cherche à saisir la couette, pour étouffer tes gémissements. Tu te tortilles d'anticipation. Mords le drap petite chienne, nous n'avons pas fini. Mon pouce cesse de titiller pour pénétrer ton conduit, flatter le siège de ton plaisir. Tu protestes quand mon doigt quitte ton fondement avide. C'est à elle de jouer, et elle introduit lentement le plug entre tes fesses. Je resserre tes entraves.

Maintenant que tu nous es lié, maintenant que je chevauche ton visage aux yeux bandés, tu peux reprendre ton ouvrage avec ta langue et me donner du plaisir. Elle t'enjambe pour présenter son sexe gonflé à mes doigts gantés. Elle n'a pas osé se caresser, sous peine de voir la cravache changer de main et cingler ses seins lourds. Si tu savais comme elle gémit quand je la maltraite ! Mais tu n'entendras pas ses cris, pas ceux-là, pas ce soir. Sois heureux, petite chienne, tu es l'objet de nos attentions conjuguées. Ma main s'immisce entre les lèvres écarlates. Vois-tu, elle connait bien le contact électrisant de mes gants et elle les rend glissants. Tu vas la sentir onduler sur ton ventre, contre ta queue tendue. Ce ressac t'égare, et tu te fais moins habile. Rappelle-toi ce que tu dois à ta maîtresse. Ah! entre le jouet qui tiraille ton cul et les caresses involontaires de ses fesses, tu te trouves au bord de l'explosion. Mais le moment n'est pas venu pour toi de jouir. En quelques mouvements, je lui donne, à elle, sa première extase. Elle t'inonde de ses sucs. Tu rêvais de cette douche enchantée, la voici. Retiens ton orgasme, tu sais ce qu'il t'en coûte.

Voilà, tu es obéissant, petite chienne. Tu auras ton tour, et tu adores cette délivrance patiemment construite. Je fixe les pinces sur ses mamelons si sensibles. Elle aime la lente agonie que je lui impose, elle en a les yeux vagues, éperdus. Un frisson, je sais que j'ai assez serré, elle est suspendue à sa douleur. Elle me tend la cravache. C'est avec la poignée que je vais fouiller son entrejambe pendant qu'elle te branle. Tu tressailles, tu gémis. Je sais ce que je t'impose, et ta fierté fouettée plus que tes fesses t'autorise à te retenir encore un peu. Mais tu vas lui céder, elle est redoutable. Elle a des mouvements parfaits au long de ta hampe, elle a su trouver d'instinct le rythme qui te chavire. Je t'offre un répit, je prends sa bouche et ma langue qui roule contre la sienne la déconcentre. Mes mains sur les pinces qui torturent ses seins aussi. Elle jouit encore et encore sur le manche baveux de la cravache, se cramponne plus durement à ton sexe. Elle tremble et succombe, la tête basse. Je lui tends la cravache trempée, elle lèche, avide, ses jus sur le cuir. Je mêle encore mes lèvres aux siennes fouille la cavité humide à la recherche de son goût si âcre et si doux.

Il est temps que le jeu s'achève, je la veux pour moi toute seule. J'interromps notre baiser, j'abandonne ses seins. Elle proteste d'un soupir quand je quitte sa bouche et ses tétons. Sa main est restée sur ton sexe tremblant, elle accélère le va-et-vient qui te pâme. Ouvre les yeux, regarde-moi. Je veux voir le plaisir noyer tes yeux, je veux voir ton regard se perdre dans tes spasmes. D'un geste, je lui ordonne de te sucer et je plante le manche de la cravache dans son con dégoulinant. Puis je glisse un doigt agile dans son anus. Elle se tortille, elle va jouir, elle jouit en longs sanglots, tandis que tu la regardes engloutir ta queue. Tu gémis, au bord du gouffre. Supplie-moi, supplie-moi encore. Des larmes perlent aux coins de tes yeux. Quand ils roulent dans tes orbites comme ceux d'un cheval emballé, je donne mon autorisation.
Et elle t'achève. Le sperme coule sur ta queue, elle le lèche avec ferveur.
Nous pouvons partir, j'en ai terminé avec toi.


L'égarée

Ton corps pressé contre le mien. Tu te blottis, comme si toute chaleur provenait de moi, Tu n'as que des soupirs, j'entends l'air que tu expires, jamais celui qui emplit tes poumons. La main sur un de tes seins menus, je guette ton pouls, j'aimerais saisir le battement de ton cœur. Je passe les doigts autour de ta taille frêle, je pourrais presque te serrer de mes deux mains. Une tension, une intention, ma main descend sur ta fesse, tourne autour de ta cuisse, effleure l'abricot nu de ton pubis, glisse entre tes cuisses, écarte tes lèvres. Je ne peux pas te rassasier de moi, je ne peux pas avancer sans ta peau contre la mienne, sans tes membres fragiles.
Tu souffles, mes doigts s'insinuent plus loin, tâtent ta moiteur. A mes narines monte un parfum âcre où j'enfouis mes doigts. Ton corps ondule sous mes tripotages, tu en fais toujours trop. J'attends tes gémissements renversants, ils me chavirent plus que ma propre jouissance. Tu ne feras pas un geste vers moi. Ta bouche cherche la mienne pour y jeter tes geignements. Je malaxe entre tes nymphes, je touille et je sens ton bassin onduler. Tu jouis en longs sanglots, la langue entortillée dans ma bouche, le sexe baveux, écarlate. Quelques caresses sur tes bras nonchalants, tu n'y es plus pour personne, et tu m'as déjà oblitérée.
Je me redresse et je lèche, sur mes doigts, l'expression finale de nos emmêlements. Tu gis en travers du canapé, nous ne pratiquons pas le lit conjugal. Je me lève et je me rajuste. Ton mari va rentrer, je me lave les mains. Je crains qu'il reconnaisse une odeur qu'il ne sent pas souvent. C'est ce que tu dis et je te crois. Je n'ai pas besoin de ces dédouanements. Toi, si. Comme s'il fallait m'affirmer plus fort que tu te gardes pour moi. Parfois, j'aimerais que tu t'égares, sans moi.
Et déjà, tu émerges de ta bienheureuse torpeur pour reprendre ta tenue d'étudiante. J'ai une tasse de café froid à la main, je te regarde ôter ta peau de mes caresses et de mes yeux. Je te voudrais nue et serrée contre moi, tout le jour et toute la nuit.
Je ne suis pas tombée dans ton sourire, j'ai pris ta bouche tendue vers moi, une évidence, une fulgurance. Depuis, je nage dans la mélasse de nos désirs crus, avides.

vendredi 18 mai 2018

Vos émois, vous et moi

J’aime vos peurs et vos hésitations.
Et cela même ne vous appartient pas, ne vous appartient plus.
Vous avez l’ambition de vous livrer à mes attentions. Il ne s’agit pas d’être passif ni d’exprimer vos souhaits, vos envies ou, pire, vos désirs.
Si je vous prends, je vous prendrai en main, je vous prendrai totalement. Je vous apprendrai à me satisfaire, je vous enseignerai où se trouvent vos désirs les plus obscurs, ceux qui résonnent avec les miens.
La volonté de vous plier à ma férule, votre obéissance parfaite, l’offrande de votre personne sont des artifices que vous donnez à votre pudeur. Vous n’avez pas besoin de vous déshabiller. Vous serez mien, nu, vraiment nu, jusqu’à la moelle, jusqu’au cortex.
Vous serez à moi plus qu’à vous-même.

samedi 31 mars 2018

La pute vengeresse

Parée, préparée, elle a attendu longtemps. Et il n'est pas venu. Ce n'est pas encore un habitué, ils ne se sont vus que deux fois. Là, c'était leur troisième rendez-vous et il ne viendra pas. Le cœur lourd, Belle referme la porte de l'appartement qu'elle a loué, et pas amorti. Si ça se renouvelle, elle va avoir des soucis. Enfin non, à dire vrai, elle a des problèmes de fric et elle n'aime pas ça. Evidemment, il n'a pas prévenu, ne s'est pas excusé.
De retour chez elle, elle envoie quelques messages, prévenir les copines. Peut-on parler de collègues quand on fait commerce de ses charmes ? Oui, on se soutient.
Combler le manque à gagner lui a demandé des efforts les semaines suivantes. Elle vit en équilibre, entre ses besoins et ses revenus. Elle s'en est sortie, à coup de sacrifices. Ne pas se perdre à ce jeu-là, poursuivre ses objectifs. Prendre le fric de ceux qui veulent deux heures de récréation et au moins un orgasme.
Et puis un après-midi, Anna a envoyé un message, avec une photo. C'est lui. Il n'a pas renoncé à son passe-temps, juste changé de prestataire. Fébrile, Belle répond. Faire patienter, le temps que le plan se mette en place. Anna prend la passe. La première est sans conséquence, et il faut bien qu'elle gagne sa vie, elle aussi.
Après le rendez-vous, Belle vient aux nouvelles. Tout s'est bien passé. Et elle commence à avoir un plan. Anna accepte une deuxième rencontre. En général, ils suivent un schéma. Les jours s'écoulent, elle a tout préparé. D'abord l'endroit, prêté par une relation. Ensuite le matériel, et la complicité d'Anna, qui a adoré l'idée.
Quand il arrive, sa putain est enjôleuse, mutine, elle en fait des tonnes. Elle lui sert un verre, ils trinquent. Elle se déshabille, elle est lascive, comme il aime. Puis, c'est le noir.
Il se réveille accroché les bras et les jambes en croix, contre du bois rugueux. Sa tête pend en avant, il éprouve une vague nausée. Il tire furieusement sur ses liens, qui ne cèdent pas, mais ça, il l'avait déjà deviné. Il est nu, il se sent vulnérable. Une main caresse ses fesses exposées. La main s'écarte. Il sent que la personne placée derrière lui s'éloigne. Puis le sifflement d'une lanière et un claquement. Il entend le murmure de cuir qu'on ramène. Sifflement, claquement.
Un fouet.
Elle a un fouet entre les mains et elle le fait claquer à quelques centimètres de sa peau. Tous ses muscles se contractent, il serre les fesses, désespéré, dans l'attente de l'incommensurable peine des coups qui vont pleuvoir sur lui. Il en est certain, elle se prépare à le châtier. Sifflement, claquement, l'attente devient insoutenable. La lanière ne fait que le frôler. Son corps tendu s'abandonne au rythme inlassable du fouet, il anticipe chaque mouvement, le moment où la lanière quitte les mains pour se lancer vers lui. Indolente, elle l'effleure et il en vient à savourer ce bref contact. Le cuir passe sur sa peau et la hérisse. Il attend encore qu'elle le blesse, elle le caresse. Et, à sa grande surprise, il bande comme un âne.
Sifflements et claquements cessent. Un corps se colle au sien, contre son dos. Les deux mains saisissent sa queue engorgée. Un rire.
- Faut pas jouer des tours aux catins. Elles connaissent plus de tours que toi.
Deux doigts décrochent le velcro de sa main gauche. Le temps qu'il se libère, la porte d'entrée a claqué sur un nouveau rire.
Déconcerté, il ramasse ses vêtements, se rhabille et quitte l'appartement.

Les jours suivants, il pense sans cesse à cette étrange mésaventure. Le début était inquiétant, mais il est obligé de s'avouer qu'il a aimé plus que de raison ce qu'il s'est passé ensuite. Il tourne une semaine entière sur son dilemme, puis recontacte Anna.
- Je veux la même chose que la dernière fois.
- Vous êtes sûr ?
- Je paie plus, si c'est ça.
- Si vous payez...

Il arrive en tremblant dans l'appartement. Anna est là, aguicheuse. Elle lui offre un verre, qu'il repousse.
- pas besoin de ça.

Elle le mène dans l'autre pièce et il se laisse déshabiller, attacher. Elle le caresse machinalement.
- pas besoin de ça non plus.
Avec une moue, elle se retire. Il entend l'autre personne entrer dans la pièce, s'approcher, se coller à lui. Une autre femme. Entre eux, le fouet enroulé s'incruste dans son dos, tant elle le serre. Il se détend.
- frappez. Pour de vrai, frappez-moi.
Elle ne répond pas, et recule. Sifflement, claquement, la lanière passe à la hauteur de sa taille.

- frappez.
Le fouet effleure ses épaules. Il les tend vers l'arrière autant qu'il peut. Un ricanement. La lanière s'abat avec plus de force et lui arrache un cri de surprise.
- encore. Plus fort.
Cette fois, les coups pleuvent. Il bande à nouveau. Chaque onde de douleur répand une vie brutale dans ses reins, il brûle, il souffre, il est vivant. Des cris tombent de sa bouche quand le fouet le tourmente, mais il ne sait plus si c'est la douleur ou l'extase qui les font jaillir de sa gorge. Puis tout s'arrête et la femme vient contre lui, et promène ses mains sur son dos zébré. Il se cambre vers ses doigts, haletant.
- une autre fois, trésor.
Elle libère une de ses mains, elle a disparu avant qu'il puisse la voir.

Une nouvelle semaine d'agonie. D'abord, il a du mal à s'asseoir sur les marques qu'a laissées le fouet. Ensuite, il ne pense qu'à recommencer. Il contacte Anna, qui met une éternité à lui répondre. Enfin, elle lui fait signe. Mais elle n'est pas très disponible.

- ce n'est pas vous que je veux, c'est l'autre. Peu importe que vous soyez là.
- elle a besoin de moi pour vous mettre en situation.
- je peux avoir les yeux bandés s'il le faut. Je serai docile.
- je vais lui demander.
Encore trois jours d'attente avant la réponse. Il a une date, et des conditions. Le moment venu, il se tient dans l'appartement, nu, un bandeau sur les yeux, les bras et les jambes en position sur la croix, attaché en trois endroits. Elle s'approche et lie son bras libre.
Et le chant du fouet retentit. Un sifflement et il se tend vers l'arrière, à la rencontre de la lanière, aussi loin que le lui permettent les épais bracelets de cuir. Les gémissement montent à sa bouche et, à mesure que les coups pleuvent, deviennent un sourd grondement. Il bande, il est au bord de l'extase. Et tout s'arrête. Il ne peut retenir un cri de rage.
Un rire lui répond.
- il ne manquerait plus que tu y prennes plaisir.

Il y prend un plaisir écœurant, insensé, animal. Son rire lui dit que ça lui plait à elle aussi. Il voudrait voir son visage, le voir exulter de la joie sauvage du fouet. Elle s'approche et se colle à son dos lacéré.
- c'est fini, trésor, tu as eu ce que tu méritais.
Sa main agrippe le velcro pour le libérer.
- attendez ! Je veux recommencer. Je paierai ce qu'il faut.
- tu y prends trop de goût, ce n'était pas mon idée.
- je sais, Belle.
Elle se recule.
- j'ai reconnu votre voix. Et ça n'a pas d'importance. Je veux recevoir le fouet. De vous.
- ce n'est pas ce dont tu as envie qui compte, trésor.
- vous avez raison. J'ai eu tort et je suppose qu'il est trop tard pour des excuses. Je veux recevoir le fouet de vous, et vous voir le faire.
- ce que tu demandes n'a pas de prix.
- peut-être.
- je n'ai pas dit que je ferais ça pour toi.
Et elle le libère.



dimanche 25 mars 2018

L'impossible

Tes mains dénouent les miennes, accrochées à mes genoux. Je suis roulée en boule, et à l'intérieur, je hurle, je hurle. Tes mains dénouent les miennes, mes ongles lacèrent ma  peau. Tes yeux d'or et d'ambre me guettent, ils guettent un répit, une accalmie, une pause dans la tempête. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, effleurent une phalange. Je voudrais redevenir une forteresse, un temple. Et tu me berces, jusqu'à la fin des égratignures. Puis tu me laisses aller.
De jour en jour, dans cette chambre que les saisons inondent peu à peu de soleil, tu t'appliques au nœud gordien de mes peurs. Tu me parles, je me tais, oui, moi je me tais. Et de jour en jour, quand l'hiver devient printemps, été, automne, tu m'ouvres ta porte et tes bras. La lumière se fait rare à nouveau, et nous discutons, sur le beau parquet de chêne. Je ne sais pas m'asseoir, je ne veux pas approcher le lit, que pour m'y adosser. Quand je frissonne, encore en lambeaux, tu poses ton front contre ma tête et tu dis des bêtises.
Nous nous parlons au téléphone, tous les jours, après les cours où nous usons les mêmes chaises. Tu as des ambitions, des projets, je n'en ai pas d'autres que de survivre à ce tourment. Je me noie dans ton regard, ma veilleuse, mon fanal. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, caressent une phalange. Le début de l'été nous trouve bacheliers. Nous célébrons avec nos camarades et bien vite nous retrouvons ta chambre inondée de soleil et nos confidences ininterrompues. Je ne peux pas poser de mots sur mon temple profané, tu n'interroges pas l'outrage.
Nos têtes unies, nous parcourons ta bibliothèque, une partie de la mienne se trouve sur ta table de chevet, traîne dans le salon. Ma mère râle que les bouquins disparaissent, réapparaissent, au gré de tes lectures. Tes vacances au bout du monde nous interrompent deux longs mois. Tu me racontes ce voyage insensé, cette terre australe, ta moitié de famille. Ta peau revient presque sombre de cet air brutal, tes yeux brûlent dans ton visage tanné. Nous plongeons ensemble dans le rythme haletant des cours. Je m'enflamme de fouriérisme, tu restes réservé. Je t'assomme de Stendhal, tu me lances des copies ratées, roulées en boule. Tu t'es trouvé, je me cherche encore, moins blessée. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, ouvrent mes mains, caressent un poignet. Nous travaillons comme des galériens, je traduis Homère, Sophocle, tu révises l'anglais, tu déclames Cervantès. Nous nous perdons dans le labyrinthe de glace de Lewis Caroll, Je corrige, tu me contredis, c'est toi qui as raison. Nous trouvons de nouvelles utopies à explorer. Je rêve toujours de phalanstères, tu hausses les épaules et tu prends ta raquette. Je t'attends près de tes livres, j'ai presque tout lu, déjà. Tu reviens en claquant fort la porte, pour me faire sursauter, et rincé, tu viens poser ta tête sur ma cuisse, en silence, pour ne pas troubler ma lecture. Je joue avec tes cheveux un peu humides, tu souffles par jeu sur mes doigts quand ils passent près de ta bouche. Ta main se pose sur ma hanche et tu soupires. Et nous restons là, en paix. Il commence à faire bon près de toi.
La fin des cours, c'est 800 km entre nous toute l'année et pour l'été, 30 heures d'avion et trois océans. Jamais la circonférence de la Terre ne m'a paru plus cruelle. Je reçois des cartes postales du bout du monde, et je pars sur les rivages près de Smyrne tenter d'oublier que mes parents nous séparent. Je suis instable, rebelle, ça crie à la maison. Je pars, je suis partie, je passe mon temps à calculer combien de temps entre chaque week-end à Paris, dans ta chambre où la lumière faiblit, dans ta chambre où tes doigts irrésolus me caressent. Tu guettes un sursaut, un rejet. Tes mains entrouvrent mes vêtements, se posent sur mon ventre, mes épaules, mes seins. La barrière de la ceinture entre nous reste une frontière sans retour.
Je ne suis pas pour toi, tu n'es pas pour moi. Nous nous y tenons, comme deux imbéciles. Tu me crucifies d'une autre affection, d'un autre désir. Il y a un autre visage dans ton sourire, une autre peau sous tes mains, un corps qui veut du tien. Pas moi.
Et quand je tangue sous un autre poids, quand je me réconcilie à d'autres bras, quand je me consume dans ce feu de joie, tu te tais aussi. Pas de carte postale, cet été-là. Je ne l'aurais pas lue, tout entière abîmée dans l'exultation de ce plaisir, gagné, conquis, grâce à toi, pas avec toi.
Et quand je m'ampute de qui j'ai aimé à la folie, je n'ose pas briser le silence. Il faut un an pour que le facteur admiratif m'apporte ta carte postale. Je t'écris. Je te raconte mes gouffres, mes délires. Je lis tes pattes de mouche en réponse. Tes yeux d'ambre et d'or sur moi, tes doigts irrésolus sur ma peau, mes mains ouvrent ta chemise, et je suis partie. J'ai trop mal d'aimer et le désir ne suffit pas. Nous passons des heures à nous chercher, à nous fuir. Tu veux des mots définitifs, je ne peux pas les prononcer. Tu quêtes un aveu, je me tais. Il te faut une phrase, si courte et pour moi si funeste. Je peux t'aimer, pas te le dire.
La faim fit notre fin. Dans ta chambre inondée de soleil, j'ai enfin approché le lit, accepté tes mains sur moi où tu ne m'avais jamais touchée, parcouru ta peau de caresses affamées, posé ma bouche et mes lèvres où tu m'attendais. Il faudrait que nos épidermes chantent un cantique dont j'ai oublié les paroles, il faudrait que nos cœurs prennent la même mesure, que nous nous chuchotions le même air. Je suis pleine de toi, du rythme de tes hanches, et rien ne chante en moi. Tes yeux plantés dans les miens, ton sexe enfoui dans mon ventre, enfin désunis, défaits, vaincus. En quelques semaines vite avalées par des kilomètres de voies ferrées, nous avons tout consumé. Il te fallait un amour qui s'énonce à haute voix.



jeudi 8 mars 2018

L'ingénue

Sur mon ventre nu, il y a ta tête et l'onde de tes cheveux. Je sais qu'on appelle cette teinte blond cendré, mais, vus de près _ et ils ne peuvent pas être plus près _ tes cheveux de miel ont des reflets d'argent et d'acier. Je les sens me couvrir de leur tiédeur. Moi je ne peux pas bouger. Un pas de trop ou un pas de moins m'a clouée à ce lit, la jambe inutile, douloureuse, plâtrée. Je me lève quatre fois par jour dans des couinements de douleur. Et ça fait trois semaines que tu m'apportes nos devoirs.
Je bosse à la maison, je n'ai pas trop perdu contact avec mes études. Avec mes camarades de classe, oui, mais j'ai treize ans et pas beaucoup d'amis.
Nous avons fini les maths. Ta tête et tes cheveux reposent sur mon ventre. Mon ventre nu. Je ne sais pas où est passé le haut de mon pyjama. J'ai les mains enfouies sur ta nuque dans l'onde soyeuse, métallique. Je me repais de cette tiédeur vivante. Tes  bras collés à mes flancs, ta joue sur ma peau. Nous flottons tout l’après-midi.
Tu viens tous les jours. Ta présence est mon seul lien avec la réalité du collège, avec le fracas des couloirs pleins d’élèves, avec les salles de cours studieuses. Cette réalité s’estompe sous tes cheveux posés sur mon ventre, sous ta bouche. Tes lèvres parsèment des baisers sur ma poitrine. Tes mains posées m’enserrent. Tu soupires. Je sens le poids de ma jambe plâtrée m’enfoncer dans le lit. Je sens ta bouche vagabonde m’évader. Mes doigts parcourent ton dos. Tu viens te nicher au creux de mon cou. Tes cheveux glissent sur mon visage. Leurs chatouilles me font sourire. Je sens ta bouche s’incurver en retour.
La maison bruisse, familière. Un chat gris passe la porte, fait le tour de la chambre, repart. Je tiens tes épaules étroites contre moi, mon bras glisse sur ta taille si fine. De longues mèches se libèrent. Mes lèvres effleurent les tiennes. Je m'écarte. Tu poses ta bouche sur la mienne et nous goûtons ensemble ce premier nectar.
A la fin de la semaine, l’orthopédiste révèle, sous le plâtre qu’il scie de bon cœur, ma jambe atrophiée par un mois d’immobilité. Satisfait de sa réparation, il me refait un autre plâtre. Me voilà à nouveau lestée, mais au moins je peux marcher. Deux béquilles, et vogue le bateau chavirant. Je me retrouve dans les couloirs glissants du collège. Monter les escaliers est une épreuve, chaque changement de salle, une expédition. Personne pour porter mon sac, j’ai refusé que tu le prennes. Je suis ta chevelure d’ondine vers le prochain cours.
Au détour d’un couloir, dans un angle désert, tu jettes mon sac à terre et tu me serres contre toi, de toute la vigueur de ton petit corps. Je me fonds dans ta tiédeur. Ta bouche cherche la mienne, je me détourne. Tu poses tes lèvres résolues sur les miennes. Je n’ai plus de force. Ta langue me caresse, j’ai laissé tomber une béquille. Puis tu fais un pas en arrière, ramasses la béquille et mon sac et nous reprenons le chemin des cours.
Enfin, on libère ma jambe de ce poids mort. Elle est encore plus fine, presque inutile. Je livre au kiné mes pas hésitants pour qu'il les raffermisse. Et je suis, clopin-clopant, tes cheveux sur le carrelage traître, dans les bus de nos fins de journées. Tu viens encore à la maison, et cette fois, nous investissons ma chambre, tout en haut de la maison. Je marche de mieux en mieux et je peux monter les escaliers. Tu m'installes sur le lit, tu me couvres de ta chaleur. Je ne sais pas quel jour, quel après-midi, nos doigts timides ont cessé de s'entrelacer pour commencer à caresser. Je ne sais pas comment ta bouche enchanteresse a trouvé des chemins que j'ignorais, que ma candeur n'avait pas explorés. Et sous tes cheveux de sirène, mes reins sont devenus volcans, mon centre s'est éveillé, et tout mes membres ont vibré. Je ne sais pas quel jour, quel après-midi, tes lèvres ont écarté les miennes, ta langue a trouvé mes premiers plaisirs. Et tremblante, échevelée, j'ai pressé ta tête contre mon ventre, encouragé tes exploits, quêté de nouveaux sursauts.
J'ai parcouru à mon tour chaque centimètre de ta peau. Là, dans le dos, au milieu, un frisson, là sur tes fesses, un autre, plus violent, et sur tes seins menus, et sur tes tétons érigés, plus de frissons encore. Et entre les poils clairsemés de ton pubis, le fruit connu et inconnu où j'allais poser mes baisers, dévorer ton désir, faire jaillir ton plaisir. Ondine, je me suis émerveillée de tes onctueuses voluptés.

samedi 24 février 2018

Mon lapin

Elle a mal aux pieds. A un pied. Pas de symptôme apparent, elle a bien regardé, hormis une rougeur, sur un orteil. Mais ça fait un mal de chien. Ce soir, elle n’a pas beaucoup besoin de ses pieds, juste pour se rendre au rendez-vous. Ça ira.
Elle va retrouver le gros nounours. Un peu, non, beaucoup peine-à-jouir, le gras sans doute. Un physique d’ancien rugbyman empâté au confit et au cassoulet. Un accent aussi rocailleux qu’une côte dans les Pyrénées, des goûts simples et une seule exigence, comme tous, se délester. Il faudrait qu’il se surveille, le gros, il a un corps d’infarctus imminent.
Tant qu’il paie ses deux heures, il a le droit de jouir. Ce qu’il achète, c’est sa pénible ascension vers l’orgasme. Son problème, c’est qu’elle a mal au pied, sans raison, et qu’il va falloir trouver une solution. Elle trotte quand même vers l’appartement. Tout est prêt, il ne manque que l’ours des Pyrénées. Il sera en retard, il appelle ça le quart d'heure toulousain. Et pas moyen de lui faire entendre qu’il rogne sur son temps. Il paie deux heures, il prend deux heures. Elle se prépare en chantonnant. Après, il faudra qu’elle se concentre. Que ça dure deux heures. Il est si laborieux, parfois, qu’elle craint d’y passer trop de temps. Mais comme s’il avait une horloge dans la prostate, il se libère toujours avant qu’elle lui annonce que c’est terminé. Ou c’est pile ce qu’il lui faut, deux heures.
Tout est en ordre, ne manque plus que le client. Elle est ponctuelle, toujours. C’est le premier service qu’elle leur rend, et qu’elle se rend. Arriver et partir à l’heure dite. Nounours sent vaguement l’ail, une odeur sudiste qu’elle ne déteste pas. Une pointe d’exotisme ensoleillé dans la grisaille parisienne. Il vient là « pour affaires » comme nombre de ses clients de passage. Et au passage, il se paie une pute.
Peut-être que Bobonne ne tient pas les deux heures, ou qu’elle s’est lassée de s’escrimer deux tours d’horloge pour que les gonades maritales s’éveillent. Au moins, il bande. Le précédent n’était pas franc de l’érection et en accusait sa partenaire tarifée. Le rendez-vous a manqué de tourner vinaigre, autour de la nouille molle.
Nounours n’arrive pas. C’est agaçant, parce qu’il la retient d’autant. Ce qui ne commence pas n’en finit pas. Elle lui envoie un texto, pour voir : tout va bien ? Il ne répond pas. Elle attend encore. Et encore. Elle n’ose pas prendre ses écouteurs, de peur de ne pas l’entendre arriver. Elle met de la musique sur la jolie chaîne hifi dans le salon. Un truc facile, du jazz. Au bout de trois quarts d’heure, elle se rend à l’évidence. Il ne viendra pas. Ça fait une demi-heure de plus que son retard habituel. Et ce salaud ne l’a pas prévenue. On prévient les gens qu’on respecte. Pas elle.
Elle se remet sur ses pieds, elle a toujours mal, ferme l’appartement, rend les clés avec un sourire chagrin qui lui évite les questions, et prend le chemin du retour. Nounours lui a posé un lapin.
Et puis la semaine s'écoule lentement, au long du flot gris de la Seine dont elle devine le cours par la fenêtre de son minuscule logement. Des habitués. Ils payent rubis sur l'ongle, arrivent à l'heure. Un nouveau, patiemment écrémé au fil des messages qu'elle échange avec eux pour trier, se faire une idée, avant de se lancer. C'est toujours un peu risqué, les nouveaux. On ne sait pas sur qui on va tomber. Certains sont rustres dès le début. Si elle peut, elle évite. Parfois, elle n'a pas le choix et elle y va quand même.
Le nouveau est une bonne surprise. Il est charmant, il a envie de faire semblant de lui plaire. Il y en a qui sont complexés d'acheter ses heures. Ils aimeraient croire qu'ils auraient pu l'avoir pour rien, seulement en lui faisant du charme. Lui, il fait les deux. Il lui glisse son écot, et il la courtise. Pour le sexe, il n'est pas réservé. Un peu rapide sans doute. Son affaire faite, il la caresse un peu et lui dit de se rhabiller. L'heure n'est pas écoulée, elle va lui faire remarquer, mais d'un geste, il balaie ses arguments sur le point de sortir et la balaie, elle. Elle hausse les épaules, et part. Elle se sent presque libre d'avoir grappillé quelques minutes à son client. Son pied lui fait moins mal. Et elle repense à Nounours. Pas de nouvelles depuis ce rendez-vous manqué. Elle est furieuse d'avoir payé la location pour rien.
Un autre nouveau, tout va bien. Lui est simple, direct, il veut deux heures, ceci et cela. Elle explique. Elle est pute, pas actrice porno. Il accepte. Elle est méfiante. Ils tentent souvent leur chance quand même, une fois en sa présence. Comme si elle allait se laisser faire, dans l'enthousiasme du moment... C'est son business, pas son passe-temps, pas un rendez-vous galant, ni un élan irrésistible de désir, qui la fait tomber dans leurs bras. Juste leur fric. Nounours lui trotte dans la tête. Par curiosité, elle a cherché son numéro, son identité. Elle n'a pas eu de mal à le trouver.
En rentrant chez elle, son regard tombe sur la devanture d'un magasin, sur le quai, où des lapins ruminent dans des cages minuscules. Des lapins pour Nounours. Après tout, il habite dans une région agricole, il doit y en avoir, des lapins, par chez lui. Ils ne mangent pas que du confit, les Toulousains. Elle appelle quelques exploitations et tombe sur un éleveur arrangeant qui livre ses bêtes où on veut, même au petit matin.
Le lendemain, le directeur fulminant d'une usine de lavabos, baignoires et bidets convoque son commercial.
- c'est quoi, ça ?
- des lapins, Bertrand.
- monsieur le directeur !
- des lapins, monsieur le directeur.
- et qu'est-ce qu'ils font là ?
- aucune idée.
- ça m'étonnerait !
- comment ça ?
- ils vous sont destinés ! Débarrassez-moi de ses bestioles ! Puis revenez me voir. Je n'aime pas ces plaisanteries.

Elle n'a pas assisté à la conversation, mais elle s'est délectée d'imaginer l'ours des Pyrénées entassant des caisses de lapins dans sa berline.

dimanche 7 janvier 2018

L'installé

J'aime bien les adultères. J'aime bien ton adultère, celui dont je me suis rendue complice. Cela te faisait grimacer. Et puis j'ajoutais que je ne trompe personne, pas même toi. Enfin si, il m'est arrivé de me taire. Mais toi, tu ne pouvais pas me reprocher de fréquenter d'autres draps, même si cela ne te plaisait pas.
J'ai redécouvert le flirt à l'ancienne, celui où on échange les mots d'esprit et les allusions osées, dont tu t'excusais aussitôt. Tes mots me faisaient frémir, tes excuses, sourire. Je parcourais la carte d'un Tendre un peu salace au long de tes messages. Dans ton répertoire, je crois que je m'appelais Bruno. Je t'ai interdit certains prénoms. Même au masculin, il y a des noms qui ne me vont pas. Ton surnom était tout trouvé, à cause du mien.
J'ai adoré la vue somptueuse et très privée que tu m'as offerte un soir, sur le château. Une soirée un peu magique, comme tu sais en inventer. J'ai aimé aussi ta soif de tendresse, moi qui déteste les simulacres. Mais tu es sincère en tout, jusqu'à la brutalité. Que ta vie soit aussi réglée et que rien n'y puisse y changer, cela me tranquillisait. Dans d'autres circonstances, tu m'aurais harponnée, et tu m'aurais embastillée. Je crois même que j'aurais pu aimer ça, un moment.
Tu avais besoin de plaire, tu m'as charmée pendant des jours. A nos emmêlements, tu as cédé comme on se rend. Tu as parcouru avec avidité chaque centimètre carré de peau, ôté avec vénération chaque gramme de tissu, jusqu'à ce qu'il ne reste entre nous que l'évidence de nos épidermes. Et là, tu as déposé tes hommages à mes pieds gelés. Tu as poursuivi du bout des doigts tes phrases cajoleuses et lascives. Tu sais mettre de l’élégance dans les exigences de ton désir. Ce que j’ai caressé, léché, engouffré, tu ne me l’as pas offert, je te l’ai pris.
Il fallait ouvrir une voie à tes redditions. Tu ne te donnes pas. Tout ce que tu as, il faut te l’arracher. Lambeau après lambeau. Et pantelant, abandonné devant moi, tu frémissais encore de tes capitulations. La férule construisit entre nous une étrange alchimie. J’ai cherché mes limites, guetté les tiennes. Trouvé un creuset où déposer la poudre artifice d’un ultime embrasement. Quand j’ai senti dans ma chair la sauvage grâce de ta peine, quand le plaisir rossé a ravagé mes nerfs, j’ai su qu’il fallait te perdre, ou m’abîmer.